Thasos, île oubliée en mer de Thrace
Après une nuit passée près de l’eau en banlieue de Kavalà et une toute première baignade matinale, nous roulons quelques kilomètres vers l’embarcadère de Keramoti, en face de l’île de Thasos.
Thasos : une île toute simple, ronde, sagement alanguie à l’extrême nord-est de la Grèce, qui connut la gloire dans l’antiquité, riche en bois, métaux précieux et vigne, puissance régionale un temps concurrente d’Athènes. Thasos sut toujours s’adapter aux différentes tutelles et aléas de l’histoire.
Aujourd’hui victime de la crise, elle ne reçoit plus de touriste autochtone et ses nombreux bungalows, hôtels et restaurants subsistent péniblement grâce aux vacanciers bulgares, roumains, serbes et autres macédoniens dont cette région est un peu la Côte d’Azur. Avec une Daupmo immatriculée ZG comme Zagreb, on se fait au sentiment qu’on est vraiment des touristes comme les autres, sauf qu’on ne roule ni en BMW ni en voiture de loc.
Thasos c’est d’abord du marbre sous toutes ses formes même en plage, comme Marble Beach et ses tous petits cailloux blancs bien ronds au pied d’une carrière, en face d’un petit terminal minéralier où un navire charge du luxueux gravier. Une plage de marbre ça peut faire rêver, c’est doux sous le pied, aveuglant au soleil, et un peu crade autour. Cette petite plage artificielle au bout de la piste, nous ne faisons qu’y passer ; on suivait des indications censées conduire à une laverie automatique sur la route de Makriamos, en fait un car-wash… Sachez qu’il n’y a strictement aucune laverie automatique dans la Grèce entière, au-cune !
Thasos, ce sont pour nous les deux premiers vrais bivouacs prolongés, seuls au monde, près de l’eau et toujours dans les oliviers.
Au-dessus des rochers de Giola beach
Nous découvrons l’incroyable richesse de la vie marine et nous lançons dans le nettoyage des buissons alentours. Opération non officielle, histoire de se faire la main ; les suivantes seront enregistrées auprès d’Initiatives océanes et l’inventaire détaillé des déchets envoyé à l’Agence européenne de l’environnement.
La plage d’oliviers
Enfin, une halte de quatre nuits sur la plus étrange et mignonne des plages : 600 mètres d’une mince bande de cailloux que jouxte une vaste oliveraie lentement grignotée par une mer peu profonde tapissée d’oursins, d’anémones et parcourue de petits mulets lippus.
Belle halte qui est l’occasion de lézarder et faire quelques découvertes, entomologiques notamment avec la megascolia maculata, sorte d’énorme guêpe totalement inoffensive, butineuse qui pond ses larves dans les scarabées. Appréciez la petitesse de l’abeille à droite.
Un matin Armelle en trouve un spécimen inanimé, aussitôt soigneusement épinglé dans une petite boîte.
C’est aussi la toute première chasse sous-marine de Guillaume, dans un petit mètre d’eau, avec un matériel qui a attendu des années dans le garage en Normandie. Armelle concocte aussitôt une super marinade de cette première prise historique, trois énooormes mulets cuits au feu de bois avec des pommes de terres de Chamonix. Malgré sa réputation de poisson des ports, le mulet c’est archi bon !
Cette plage c’est aussi notre première collecte officielle. Gros travail pour deux personnes : 13 sacs de 100 litres et un tri répertorié auprès de l’Agence européenne pour l’environnement. Deux jours de travail à deux, ou comment bronzer utile… (http://initiativesoceanes.org/collecte/9010)
Ephkaristo Thasos, retour à Kavalà et en route vers l’ouest.
Et poly ephkaristo à Fotis pour la photo, la gentillesse et la grande spontanéité. Bon vent à toi !